Deemax, jeune rappeur originaire de Haute-Savoie proche de NeS, a récemment annoncé sa première scène en tant que tête d’affiche à la Boule Noire (le 25 septembre). Retour sur son premier album, sorti le 31 mai dernier.
Entre boom bap et sonorités électro comme dans « SOUS L’ORAGE », Deemax s’applique dans « À MA PLACE » à une démonstration de sa force artistique.
Pour ce projet, il s’est entouré d’amis, mais aussi de beatmakeurs talentueux tel que Lil Chick, Brianinthemid, Arthuro, Poivre Blanc et Planaway.
Rythmé par des extraits du film américain Ghost Dog : La Voie du samouraï, Deemax nous prouve qu’il maîtrise son art en combinant rap technique et quelques parties chantées.
Rouge haine
« C’est un bon point de vue de voir le monde comme un rêve
Celui qui fait les choses comme un cauchemar, quand il se réveille, il se dit que ce n’était qu’un rêve
(j’me couche tôt en c’moment)
On prétend que le monde dans lequel nous vivons n’est pas très différent de ça. » – SHOW (extrait de Ghost Dog)
À MA PLACE répond à une direction artistique sombre tant dans les productions que dans les visuels. Les seules couleurs de la cover sont le noir, le blanc et le gris.
Le clip de J’PARS DE LÀ n’échappe pas à ces nuances, à l’exception du rouge.
Ce rouge, synonyme de sang et de colère, est parfaitement en cohérence avec les textes du projet.
« J’crois qu’la haine a son importance » – ITADORI
Dans À MA PLACE, Deemax se confie avec introspection sur ses expériences, à l’origine du cocktail d’émotions négatives qu’il explique ressentir.
Une enfance passée à côtoyer la « folie », des déceptions amicales… il est devenu par la force des choses, méfiant et agité.
Seul, mais accompagné
Aujourd’hui, Deemax trouve difficilement son apaisement.
Entre doutes, manque de confiance en soi, travail fatiguant et colère, l’amour ne trouve pas une place de choix dans son quotidien, et l’artiste en est conscient.
« J’ressens pas l’amour en s’moment
Étant de boue et d’semence dans ma tête » – À MA PLACE
Pourtant, son premier album est aussi un hymne à l’amitié, dans lequel il ne cesse de répéter l’importance de ses proches qui constituent pour lui une échappatoire à la morosité de la vie.
C’est notamment lors d’un passe-passe avec NeS sur le titre LA 3ÈME FOIS, que l’expression « qui se ressemble s’assemble » prend tout son sens.
La voie du rap
Le rap a une vertu thérapeutique pour Deemax.
Dans DE BELLEVILLE À TBILISSI, feat avec le très bon Ajna et Nes, l’artiste nous dit simplement que la musique est pour lui un « amortisseur ». C’est en s’abandonnant à celle-ci qu’il se sent enfin libre de se délivrer des poids qui l’entravent.
« Bâtiment cassé par la rre-gue
Dans ma vision
Disons
Qu’la vue m’aide à gratter un ptit son » – DE BELLEVILE À TBILISSI
L’écriture de l’artiste prend source dans les scènes qui l’entoure lorsqu’il sort observer le monde. Tbilissi, la capitale de la Géorgie qui porte encore les marques de la guerre, a été l’un des lieux à l’origine du projet. En se confrontant à la misère d’autrui, on en vient à minimiser la sienne, et c’est ce que l’artiste semble avoir compris.
Le premier album de Deemax est l’occasion pour le rappeur de prouver qu’il est avant tout un véritable passionné, qui ne perçoit pas sa vie sans le rap. Comme un samouraï qui poursuit sa voie, il ne compte en aucun cas changer la sienne tant qu’il ne se sentira pas complètement à sa place.
« J’resterai à ma place quand j’l’aurais trouvé
J’demanderais au g dans ma glace
J’resterai à ma place quand j’m’y serai posé
Pour l’instant j’pars du fond d’la classe » – J’PARS DE LÀ