Lala &ce fait partie de cette génération d’artistes qui redéfinissent les contours du rap français. En fusionnant trap, R&B et électro, Lala &ce a développé un style unique et s’est propulsée sur le devant de la scène à coup de projets toujours plus avant-gardistes. Zoom sur une artiste à la créativité inédite.
Ses débuts et ses influences
Originaire de Lyon, Lala &ce commence à s’intéresser à la musique dès son plus jeune âge.
Influencée par des figures telles que Lauryn Hill, Missy Elliott et Lil’ Kim, elle forge une identité musicale hybride, à la croisée des genres. Elle puise également son inspiration chez des artistes comme Lil Wayne et T-Pain, ainsi que dans la scène SoundClound rap.
Au-delà du rap et du R&B, Lala &ce se nourrit d’influences africaines, héritées de ses racines ivoiriennes, et de sonorités électroniques et pop. Ses rencontres avec des artistes comme Jorrdee ou encore les membres du 667, dont elle fera partie pendant un moment, enrichissent ses expérimentations musicales et confirment son appétence pour des sonorités nouvelles et avant-gardistes.
En 2019, elle sort son premier projet solo, « Le son d’après », qui pose les bases de son identité sonore. Tout au long des douze titres du projet, la lyonnaise nous offre un rap original, sombre et sensuel, naviguant avec aisance et nonchalance sur des productions variées.
Une production musicale prolifique et diverse
Lala &ce se distingue par la richesse de sa production musicale et la diversité de ses sonorités.
Son premier album, « Everything Tasteful », qu’elle sort en 2021, approfondit ce qu’elle avait commencé à explorer sur « Le son d’après », et témoigne de sa capacité à jongler entre plusieurs genres tout en préservant une cohérence artistique forte.
Chaque morceau a été produit en collaboration avec un beatmaker différent, ce qui confère à l’album une diversité musicale riche et intéressante.
Allant du rap au R&B, en passant par des influences afrobeat et électroniques, chaque track possède sa propre identité. On retrouve également des collaborations hyper efficaces, avec des artistes comme Rad Cartier ou Lancey Foux.
L’année suivante, Lala &ce nous emmène vers des sonorités plus ensoleillées avec son projet « Sunsystem », qui contrastent avec les atmosphères nocturnes et plus sombres de ses précédents travaux.
Les influences afro y sont bien plus marquées que dans ses anciens projets. Et les featurings sont là aussi de qualité : on retrouve Midas The Jagaban sur “Faster”, Le Diouck sur “Freaky All Night” ou encore Maureen sur “Mise à Mort”.
Sunsystem est un condensé d’ambiances dansantes, imprégnées du flow nonchalant de Lala &ce, devenu la signature de l’artiste.
Prestance scénique et esthétique visuelle
Sur scène, Lala &ce est à l’image de sa musique : naturelle, décontractée et captivante. Souvent entourée de musiciens live, elle offre une vraie expérience.
En 2021, elle étend les horizons de sa pratique scénique en participant à la comédie musicale Baiser Mortel, qu’elle a créé avec le producteur Low Jack et la chorégraphe Cecilia Bengolea.
Cette œuvre, rare dans le milieu du rap, a réuni une sélection pointue d’artistes comme la créatrice de mode Marine Serre, ainsi que les rappeurs et rappeuses Rad Cartier, Le Diouck, BabySolo33 et Jäde.
Visuellement, Lala &ce se distingue par des clips à l’esthétique toujours très bien travaillée et efficace.
Parmi ses clips les plus marquants, on peut penser à “Wet – Drippin” (Le son d’après), qui redéfinit les codes traditionnels des clips de trap, en remplaçant la drogue par des pétales de fleurs, et en mettant en scène une relation entre deux femmes noires.
Le clip “Fallait dire non” (Sunsystem), quant à lui, nous transporte dans les rues d’Abidjan, où est née sa mère, avec en fond sonore les lentes mélodies afro produites par Loubenski et Lala &ce elle-même. Les scènes de soirées et les virées nocturnes en taxi rouge emblématique de la ville créent une atmosphère vibrante.
Enfin, plus récemment, on peut citer le très beau “No More Time” (Solstice), avec son esthétique futuriste et très cinématographique.
Un avenir prometteur
L’avenir de Lala &ce s’annonce tout aussi prometteur. Toujours prête à repousser les limites de son art, elle ne se contente pas de suivre les tendances : elle cherche à innover.
Son dernier album concept, « Solstice », brise les codes actuels de l’industrie, qui privilégie de plus en plus les projets courts et faciles à consommer. L’album se déroule dans une société dystopique où la différence est réprimée et où le bonheur doit être limité et encadré. Cet univers sombre sert de toile de fond à des morceaux qui célèbrent la marginalité et la quête de liberté. On y retrouve encore une fois des productions très travaillées, à la croisée des genres, et assez uniques par rapport à ce qu’on peut entendre actuellement dans le rap français.
Dans ses textes, Lala &ce mêle, comme à son habitude, egotrip et questionnements amoureux, tout en nous en révélant cette fois-ci davantage sa vision du monde et de la société. Elle met également en avant sa technicité, comme sur le morceau “Licorne”, où son flow se révèle particulièrement technique et maîtrisé.
Avec Solstice, Lala &ce célèbre la différence, la liberté et l’indépendance, au moyen d’une expérience auditive variée et de qualité.
Que ce soit musicalement, visuellement ou dans sa manière d’aborder et de penser son art, Lala &ce refuse de se laisser enfermer dans des cases.
Dans un monde où les artistes sont souvent contraints à une production rapide et simplifiée, elle se distingue par sa volonté de créer des projets complets, réfléchis et novateurs. Son identité d’électron libre dans une industrie qui cherche à catégoriser et à formater, en fait une figure incontournable de la scène musicale actuelle.