Après son passage remarqué dans la série de freestyles du Règlement, Badrito est revenu en force avec “Burning Home Vol.1”, son premier EP sorti ce vendredi 2 février.
L’artiste belge y aborde avec introspection les périodes les plus compliquées de sa jeunesse, sur des sonorités qui associent habilement digital et acoustique.
La maison qui brûle de Badrito
Le premier projet de Badrito prend le nom de “Burning Home”, une manière pour lui de revenir sur son parcours tumultueux, marqué par un rapport compliqué avec le foyer. Se retrouvant plusieurs fois à la rue à l’adolescence, c’est cette histoire personnelle difficile qui rythme l’EP, un sujet abordé dès le premier titre : “Tous ces soirs où je suis pas rentré” – Not at Home.
13 ans, c’est une année qui a profondément marqué l’artiste bruxellois : une période de vie complexe, mais aussi par opposition, celle où il commence à faire de la musique. Dans “13y”, morceau symbolique qui donne le nom à son label, Badrito cherche sa place :
“J’connais pas mon adresse moi, jsuis dehors depuis qu’j’ai 13 ans” – 13y
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le rappeur évoque ses rapports familiaux difficiles. Comme pour teaser la sortie de son futur EP, l’artiste annonçait déjà la couleur dans Nether, son freestyle en collaboration avec Le Règlement : “Chez nous on fait pas la fête”; “J’veux pas rentrer à la maison”.
Le remède à ses tourments ? Le rap, qui se présente alors comme un moyen de mettre des mots sur des sentiments difficiles à exprimer dans la vie quotidienne. Comme il le confie dans “STF” : “J’rappe pour apprendre à t’oublier”, la musique devient un outil, une manière de surmonter les difficultés.
Authentique et réfléchi, Badrito pose dans “Burning Home, Vol.1” un regard introspectif sur son vécu, tout en abordant d’autres thématiques récurrentes comme l’amour et la déception.
Les sentiments mélangés qui rythment le projet
Dans “Burning Home”, Badrito explore une palette complexe de sentiments où s’entremêlent l’amour, la déception et le regret.
À travers des paroles sincères et des mélodies calmes, il partage avec simplicité ses désillusions et ses relations avec ses amis et ses amours, des sujets qui résonnent chez ses auditeurs. Dans “Lettre à Bruxelles”, l’artiste qui vit désormais à Paris se confie avec amertume :
“Avant j’donnais trop facilement mon coeur, j’étais bête” – Lettre à Bruxelles
La chanson “Pardonne-moi” révèle un autre volet des sentiments de Badrito : la relation spéciale qu’il entretient avec sa mère : “Maman pardonne-moi, sans toi j’ai trop peur dans le noir”, une autre allusion à la période de son enfance.
Au fil de l’EP, une place importante est laissée aux instruments, qui accompagnent les textes du rappeur et soulignent la profondeur émotionnelle du projet. “Burning Home” se termine d’ailleurs par les notes finales d’un orchestre, une manière de conclure cette immersion dans le monde intérieur de l’artiste.
Entre glitch et piano acoustique
Avec un visuel inspiré par Tim Burton, le nouveau projet de Badrito se distingue par une association audacieuse entre l’univers digital du rap new wave et l’authenticité des instruments de musique comme le piano et la guitare.
C’est le résultat de la rencontre entre les deux compositeurs de l’EP : Koji, à la production de 3 des 5 titres du projet, et Ephès, qui s’était déjà illustré en participant à la prod de “Les Flammes” de l’album J.000.$ de Josman.
Badrito s’est donc bien entouré cette année, l’occasion pour lui de structurer son rap et de trouver son identité musicale, sur la route tumultueuse du succès : “J’sais pas si je vais durer mais je sais qu’j’serais le meilleur de la ville” – STF.