Le rap, c’est du son, mais c’est aussi des images. Des clichés qui capturent l’âme d’un artiste ou l’énergie d’un concert. Derrière ces instantanés qui font le tour des réseaux sociaux et ornent les pochettes d’album, des photographes passionnés.
Aujourd’hui, nous braquons nos projecteurs sur cinq d’entre eux : Yde, Lilia, Louis-tao, Lucie et Louis. Des clichés pris sur le vif dans les salles sombres de concert aux shootings minutieusement préparés, ils immortalisent les moments forts de la scène rap française, chacun avec un style, un parcours et une vision unique.
Yde (@idrnz)
D’un shooting de JUL aux allures de photo de vacances au cliché contrasté de TH pour la cover de “E-trap”, Yde capture des scènes de vie brutes et authentiques.
Avant de faire de sa passion un métier, le photographe a fait du chemin, lui qui a commencé par créer des montages de Call of Duty sur son ordi d’adolescent, avant de profiter de son statut de bénévole dans une salle de concert pour shooter Damso, Angèle et Niska à seulement 16 ans.
Quelques milliers d’heures de travail et un déménagement à Paris plus tard, c’est 50 Cent, Gazo, Ronisia ou encore TIF qui passent aujourd’hui devant son objectif.
Son cliché préféré ? La cover de l’EP “Par nous-mêmes” de Carbonne, car “elle représente tout”. La simplicité du sud, l’authenticité, mais aussi et surtout pour Yde, la consécration après 6 années de travail acharné avec le rappeur.
Un aboutissement donc, mais le photographe a encore de nombreux projets en tête : “Réaliser un rêve, c’est le tuer. Il faut toujours se renouveler pour garder sa passion.”.
Son instagram : @idrnz
Lilia (@liaxxondatrax)
Après une formation en scénographie de théâtre qui lui apprend à développer sa sensibilité pour la lumière, Lilia expérimente pendant 5 ans autour des arts visuels, du décor et du stylisme. Ses premiers clichés remontent à 2023 à l’occasion d’un festival rap à Paris.
Direction artistique, photographie, set design, Lilia créé avant tout des univers : “Il n’y a pas que la photo, mais aussi tout ce qui la compose”. La photographe a notamment shooté les rappeuses Douze Déluge, Mandy Spie et Ngielix, les mettant chacune en scène dans des ambiances froides, féériques, et parfois kitsch.
Shooting précis jusqu’au bout des ongles, les clichés de Lilia racontent des histoires. Ses inspirations sont d’ailleurs puisées dans le cinéma et la littérature : les films The Shining, Fallen Angels, Le Portrait de Dorian Gray et les photographes Grégory Crewdson ou Pierre et Gilles.
“Les auditeurs s’intéressent de plus en plus aux propositions visuelles des rappeurs. J’aime réfléchir aux moindres détails de l’image, et donner une nouvelle dimension à la musique de l’artiste”.
Son instagram : @liaxxondatrax
Louis-tao (@sbshooter_)
Réalisateur, photographe, assistant caméra, celui qui a pris Shooter comme pseudo pour sa rapidité et sa précision possède toutes les casquettes.
Son premier contact avec la photographie commence pourtant de manière inattendue : “J’ai commencé dans la photo en faisant tomber l’appareil de mon père…”. Après quelques shooting pour ses potes et des montages vidéos où il filme son quotidien, c’est finalement lorsque les rappeurs Zgab et Dossa lui demandent de réaliser leur clip qu’il met un pied dans le monde de la réalisation professionnelle.
Celui qui vient d’un petit village d’à peine 1000 habitants proche de Nantes décide alors de déménager à Lyon pour un stage professionnel aux côtés des réalisateurs de clip Martin Gadiolet et GR Picture : “C’était un contraste assez intéressant”.
Il réalise notamment un clip pour l’un des membres de Lyonzon et se retrouve sur le clip de Freeze Corleone avec “un peu de culot et pas mal de chance” : “On n’en revenait pas quand on est rentré chez nous. On venait de nulle part et on s’est retrouvé sur un big clip d’un de nos artistes préférés avec qui on a pu shooter”.
Plus récemment, on retrouve Shooter à la DA du projet “À ma place” du rappeur Deemax, marqué par un univers et des visuels sombres, ou le noir, le blanc et le gris sont les seules couleurs représentées.
Son instagram : @sbshooter_
Lucie (@luciepng)
Au collège, elle prenait absolument tout en photo avec son iPhone 6S rose gold. À maintenant 23 ans, un appareil Sony A7 IV à la main et son Nikon Coolpix (rose, lui aussi) qu’elle emmène partout avec elle, pas grand-chose n’a changé, hormis le décor.
Spécialisée dans la photographie de concert, Lucie capture des images puissantes, dynamiques et colorées, qui transmettent fidèlement l’énergie brute des artistes qui passent derrière son objectif.
Prise de passion pour la photo et la vidéo depuis son plus jeune âge, elle s’oriente d’abord vers la photographie sportive, et notamment équestre, un sport qu’elle pratique pendant plus de 10 ans.
C’est après avoir eu l’opportunité de travailler dans une salle de concert que tout change. Entourée de photographes talentueux et inspirants, Lucie découvre ce qui sera son nouveau terrain de jeu : la scène musicale. “J’ai enchaîné les petits concerts et DJ sets dans des bars, les concerts de 1200 personnes, et le graal : les festivals ! “.
On a d’ailleurs eu la chance de retrouver Lucie parmi les photographes de la première édition du Golden Coast Festival, capturant des clichés haut-en-couleur de la reine du shatta Maureen ou encore du rappeur Houdi : “Cette année a été particulièrement riche en apprentissage et en expérience pour moi !”.
Son instagram : @luciepng
Louis (@louietlavue)
Pur produit de l’ouest de la France, Louis est originaire de la campagne d’Angers, même s’il habite désormais à Nantes. Il commence la photographie de concert en février 2023 et pour lui, tout va très vite : il rejoint un média et enchaîne les concerts jusqu’à être accrédité aux Ardentes, le célèbre festival de rap belge.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Louis est un débrouillard. Avant d’investir dans son XT3 qui le suit maintenant en fosse et dans les barrières, il empruntait des boitiers à ses amis à chaque concert. Parfois de très bons appareils, et parfois… des antiquités. “J’avais la chance d’avoir de bonnes connaissances sur Photoshop qui m’ont permis de sauver des clichés qui ressemblaient plus à une bouillie de pixels très granuleux qu’à des photos de concerts.”
Depuis, il continue la photographie en essayant d’expérimenter dans d’autres champs de ce médium : portraits, photo de voyage, mode… Mais, en grand passionné de rap, impossible pour lui de lâcher les concerts : “Dernièrement, j’ai eu la chance de photographier Isha & Limsa, Gazo, ou encore Skepta”.
Son instagram : @louietlavue